LE LIEVRE ET LA TORTUE ou UN MARIAGE RATE


Les premières heures suffisent à donner le ton.."ok Xavier, demain 7h, plutôt que 6h30" .. 7h20, personne! "allô, qu'est-ce tu fous" .. 7h45, arrivée, la gueule enfarinée : la galerie est branlante !, pas d'échelle, pas de sangle !! la Nationale doit avoir lieu à JOB, 4h30 de route + la montée au déco + le montage... Le personnage est dilettant sans saisir mon urgence, je suis déjà dans le rouge, genre psychopathe frustré.
Il faut tout faire, un détour pour trouver des sangles, revoir et remonter la galerie qui s'est déjà détachée (glurps!), prendre de l'essence.. le voyage a été bien pensé ! Nous quittons Orsay à 10h30.. c'est pas tout à fait ce qui était prévu. Le 2 de tension et la poussée hypertensive aiguë.. ça met dans l'ambiance !
Pas de véritable responsable, si ce ne sont nos appréciations respectivement mauvaises à penser que nous pourrions avec une seule voiture, combiner nos caractères, et nos ambitions..
Fort heureusement, si ça a continué de ne pas être simple, nous avons bénéficié d'une belle MTO 4j/4 !! Xavier aura pu essayer un LAMINAR 13 plus perfo que son mambo avec brio, mini-atterissages à JOB réussis, sans trouver le pilotage très différent. L'école sur place lui aura permis un encadrement rassurant pour cette nouvelle prise en main. Thierry JB était là avec son fiston de 19 ans emballé par ses 1ers grands vols. "Et un PSUC, un !"
Par chance, le jeudi, la compet est délocalisée au Puy de Dôme et même en arrivant bon dernier, dans ma furie je décolle 3ème..
Les champions sont à Brazilia pour disputer les championnats du monde, ici l'ambiance est conviviale à base de locaux ! Les nuages ont belle allure et sont pourtant décevants ou bizarrement alimentés.. beaucoup de temps avant de faire un mini plafond ! un seul fera le but: en se jetant dans le bleu pour une arrivée au ra dada au pied d'une rue de cum, 5m/s et 2ème partie du vol 'dauphin'!!: 55km pour S.DUBOURG. Je prends 1 mauvaise option : la chaîne de petits reliefs offre un appui psychologique rassurant et paraît mieux alimentée, mais ce n'est pas vraiment le cas, ni le bon cap. A 2, nous finissons vite au tas.

J2 à JOB, site de ma formation en 94, je n'y ai jamais pris 1 thermique en 15 grands vols.. Je décolle le 1er et seul avec un léger vent de travers.. bientôt on commande mon cercueil, car je suis bas avec toute les difficultés à remonter, qq bulles me maintiennent à hauteur du BIEN. L'agonie dure et là haut on ne donne pas cher de ma peau, une collecte s'organise pour m'envoyer une 2ème navette pour 1 autre décollage. Un coup d’œil derrière : 2 buses catapultées à 30m de moi !!! GO ! +2-3m/s pour un plafond à 2350m.
La troupe reste scotchée au déco, je ne comprends pas ! Personne ne se précipitent sur ce petit boulet ! En fait, le vent est passé arrière. Je pars.. derrière, un petit bouillon d'ailes zone devant le déco, certains ont réussi à trouver un créneau, d'autres replieront ! Leçon : être opportuniste, pas attentiste !!
Savoir jouer dès que les conditions s'y prêtent. Pas évident de trouver l'alimentation sous le nuage, B1 à 37 bornes, dont 10km de transition dans le bleu sans 1 bip ! un nuage se délite très vite au-dessus de la balise, il ne me donne presque rien, je pense à me jeter face au vent sur les contreforts du plateau exposés SO pour me donner une chance, mais je n'assume pas mon choix ! Erreur, O.TANTOT choisira cette option qui lui permettra un retour, nous sommes 3 posés au même endroit.

J3 on m'emmène de nouveau au Puy de Dôme, Xavier reste pour un grand vol avec l'école et un médium, car sa "procédure", parmi d'autres, multiples, stipule bien qu'on ne change pas d'aile et de site en même temps (même avec un encadrement ?!). Décollage Est, briefing et zou harnais enfilé, j'ai chaque fois hâte de voler. Même si des parapentes tiennent bien au-dessus, devant le déco ça ne pompe pas ! Par contre 500m devant, 150m en-dessous, des chiffons montent, il faut y aller sans tarder, logique ! le rigide devant moi attend, puis attend encore, le parapente lui monte toujours !!! Quand il aura pris 300m, enfin il décolle !!!?? je lui emboîte le pas et comme prévu la pompe est là, plafond 2500m. Les autres n'ont pas décollé !!! La leçon d'hier n'est pas restée ! Et puis ça passe arrière après qq autres déco, des larmes couleront pour ceux sanctionnés 2 jours de suite. Hélas, ce qu'ils retiennent: que les 1ers ont eu de la chance ! mauvaise foi, mauvaise analyse ?.. La manche fait 67km et dans le bleu, pour balayer plus d'espace il faut être plusieurs. Hélas les 2 en vol avec moi prennent une option à 45° de l'axe !, sur une trajectoire chapeautée de nuages, je choisis le direct plus risqué mais plus rapide et me semble t-il plus cohérent ! Je refais un plein à 2300m (1300 de dénivelé) en milieu de parcours, essaie de me laisser dériver dans du 0 mais la dérive n'est pas là, une rentrée d'ouest contre l'est du début de journée, je pose à la 1ère balise à 25km après avoir décidé tardivement une baïonnette sous des nuages hongrois et même dégueulants. 2 autres pilotes finissent au même endroit, personne n'ira plus loin. Manquait le regroupement !
La compet se termine, trop de pilotes rentrent chez eux.

Dimanche, retour à JOB, passage de 2 voiles de cirrus inquiétants le matin, mauvaise augure.. A 13h, le ciel est clair et bourgeonne par endroit, je décolle et ça vole ! plafond 3000m, de quoi faire un joli parcours, mais nous partons le soir même et une récup serait mal venue. Je vole 200m au-dessus de la base, sur le front d'un nuage, dans les barbules 'actives' parsemées en couronne autour du gros champignon. Je fais le tour du nuage, vole au-dessus d'autres plus petits, sous des voûtes, dans des cryptes.. de la spéléo aérienne ! Du Bonheur++, après ça j'étais prêt pour mourir ! (j'exagère ?). J'entame la traversée de la vallée pour regagner les sommets d'en face, long plané, quelle belle machine !, petit plein de l'autre côté à 2400 (autre plafond) sous un nuage mourrant, les cirrus arrivent en force. Nouvelle traversée pour regagner le déco et puis atterro, encombré, véritable aéroport où les deltas se suivent en approche.

J'ai 70 heures de vol cette année depuis le début de saison à St André avec ma nouvelle aile, soit 170 au total, j'ai fait d'énormes progrès qui nourrissent toujours +++ mon bonheur d'être en l'air. Pourvu que ça dure !..
Je suis rentré dimanche soir avec Laurent, pilote breveté depuis janvier sous Mambo, motivé, qui habite Chartres et qui cherche une dynamique. "Et deux PSUC, deux!"

 

Antoine SARAF