LE LIEVRE ET LA TORTUE ou UN MARIAGE RATE
J2 à JOB, site de ma formation en 94, je n'y
ai jamais pris 1 thermique en 15 grands vols.. Je décolle le
1er et seul avec un léger vent de travers.. bientôt on
commande mon cercueil, car je suis bas avec toute les difficultés
à remonter, qq bulles me maintiennent à hauteur du BIEN.
L'agonie dure et là haut on ne donne pas cher de ma peau, une
collecte s'organise pour m'envoyer une 2ème navette pour 1 autre
décollage. Un coup d’œil derrière : 2 buses
catapultées à 30m de moi !!! GO ! +2-3m/s pour un plafond
à 2350m. J3 on m'emmène de nouveau au Puy de Dôme,
Xavier reste pour un grand vol avec l'école et un médium,
car sa "procédure", parmi d'autres, multiples, stipule
bien qu'on ne change pas d'aile et de site en même temps (même
avec un encadrement ?!). Décollage Est, briefing et zou harnais
enfilé, j'ai chaque fois hâte de voler. Même si des
parapentes tiennent bien au-dessus, devant le déco ça
ne pompe pas ! Par contre 500m devant, 150m en-dessous, des chiffons
montent, il faut y aller sans tarder, logique ! le rigide devant moi
attend, puis attend encore, le parapente lui monte toujours !!! Quand
il aura pris 300m, enfin il décolle !!!?? je lui emboîte
le pas et comme prévu la pompe est là, plafond 2500m.
Les autres n'ont pas décollé !!! La leçon d'hier
n'est pas restée ! Et puis ça passe arrière après
qq autres déco, des larmes couleront pour ceux sanctionnés
2 jours de suite. Hélas, ce qu'ils retiennent: que les 1ers ont
eu de la chance ! mauvaise foi, mauvaise analyse ?.. La manche fait
67km et dans le bleu, pour balayer plus d'espace il faut être
plusieurs. Hélas les 2 en vol avec moi prennent une option à
45° de l'axe !, sur une trajectoire chapeautée de nuages,
je choisis le direct plus risqué mais plus rapide et me semble
t-il plus cohérent ! Je refais un plein à 2300m (1300
de dénivelé) en milieu de parcours, essaie de me laisser
dériver dans du 0 mais la dérive n'est pas là,
une rentrée d'ouest contre l'est du début de journée,
je pose à la 1ère balise à 25km après avoir
décidé tardivement une baïonnette sous des nuages
hongrois et même dégueulants. 2 autres pilotes finissent
au même endroit, personne n'ira plus loin. Manquait le regroupement
! Dimanche, retour à JOB, passage de 2 voiles de cirrus inquiétants le matin, mauvaise augure.. A 13h, le ciel est clair et bourgeonne par endroit, je décolle et ça vole ! plafond 3000m, de quoi faire un joli parcours, mais nous partons le soir même et une récup serait mal venue. Je vole 200m au-dessus de la base, sur le front d'un nuage, dans les barbules 'actives' parsemées en couronne autour du gros champignon. Je fais le tour du nuage, vole au-dessus d'autres plus petits, sous des voûtes, dans des cryptes.. de la spéléo aérienne ! Du Bonheur++, après ça j'étais prêt pour mourir ! (j'exagère ?). J'entame la traversée de la vallée pour regagner les sommets d'en face, long plané, quelle belle machine !, petit plein de l'autre côté à 2400 (autre plafond) sous un nuage mourrant, les cirrus arrivent en force. Nouvelle traversée pour regagner le déco et puis atterro, encombré, véritable aéroport où les deltas se suivent en approche. J'ai 70 heures de vol cette année depuis le début de
saison à St André avec ma nouvelle aile, soit 170 au total,
j'ai fait d'énormes progrès qui nourrissent toujours +++
mon bonheur d'être en l'air. Pourvu que ça dure !..
Antoine SARAF |