Récits du 24 août 2003, Aigneville
Etaient présents, Fred Bergey, Antoine Saraf, Michel Moussier,
Romane Oughlissi et moi. Michel se lancera dans la récup. D'abord Fred, puis Antoine
enfin moi après de nombreux détours car le coin est réellement
paumé et l'absence de carte n'aide pas. L'endroit est digne d'un
tournage de film. La propriété est bordée de hautes
haies, j'y trouve deux étangs, des poissons, des canards, des
chiens. Claude, le propriétaire des lieux pratique la chasse
à cour à pied. Après avoir essayé d'autres
maisons manifestement désertes, c'est le seul endroit du coin
où je peux trouver quelqu'un qui pourra me prêter un téléphone
car ici le portable ne passe pas.
Le week-end avait commencé comme un pèlerinage. Après une longue montée vers les cieux, la fine équipe avait tiré des bords toute l’après midi pour atteindre la cathédrale de Chartres comme d’autres le faisaient autrefois sur les genoux depuis Paris. La sélection naturelle ne permit pas à tous les pèlerins d'arriver. Certains retournèrent à Aigneville d'autres, épuisés, finirent au sol. On ne les revit pas le lendemain. Dimanche, la journée commença par un constat de Denis : "Quant la bouteille d'eau pleine tombe comme ça de la table de pique nique, c'est qu'il y a du vent ….! ". Le même déclarera plus tard dans la journée : "Je contourne le trou de bleu par l'Est ! ", phrase lourde de sens qui résonne encore dans nos têtes. Après une longue contemplation du vent la journée de
Delta commença par un stage de demi-remorqués présidée
par Denis. Toutes les techniques y passèrent, je pète
le fusible, je retourne l'Ulm pour qu'il me laisse toute la ligne, je
me largue trop bas pour accrocher. La journée était donc déjà avancé quand nous décidons de nous faire un ami de ce vent jusque là ennemi. Je pars en premier et après que pour être sur de n’avoir
rien omis les copains testent à nouveau les techniques du demi
remorqué, Antoine et Denis partent à ma poursuite. Le vol fut magnifique, la Beauce défilait sous notre vol elliptique.
Les thermiques s'ils n'étaient pas toujours généreux
étaient franchement dérivants. Les kilomètres défilaient et étaient annoncés à la radio 30-40-60 kms en insistant sur le Cap 240 pour essayer de susciter l'envie à Michel de se lancer en récup. El récupérator comme il se fait maintenant appeler dans sa rigueur logisticienne repliait et son aile et l'ULM avant de se lancer à notre poursuite. Je pose à 116 kms , mon poursuivant aux dents longues Antoine
dont la rage qui l'animait pour me rattraper n'avait d’égale
que celle qu’il avait déployée dans le traitement
de sa patiente toute la nuit précédente, finit au km 84. Nous nous posons tous épuisés et heureux, sans réaliser dans notre insouciance béhate que le meilleur est encore à venir : La récup, ses turpitudes, ses approximations, ses retrouvailles, ses rencontres et son Cor de Chasse. El récupérator décide de nous attaquer à
revers et se lance à donf sur l'autoroute pour me retrouver en
premier, bien chargé de bière à La Chapelle aux
Choux. Il fallait être trois pour pouvoir attaquer la vraie difficulté
de la journée : Trouver Denis ; avec pour toute indication qu'il
était dans un trou de bleu ! 22H, la radio qu'on croyait morte grésille d'une voix lointaine
mais connue. Dans le sombre de la nuit nous aurions pu remarquer que la maison ressemblait
à celle de l'ogre si souvent décrite dans les contes.
La proposition de la tomate farcie, assez inhabituelle, ne nous a cependant
pas alerté et avec une réticence polie nous nous laissons
conduire dans la maison. Minuit, magnanime, on nous laisse partir non sans avoir lâché : " dans ma vie j'ai eu plus de satisfactions avec les chiens qu'avec les femmes ! ". Aucun doute, nous avons bien rencontré un chasseur. Est ce l'émotion de la récup ? les exploits de la nuit
précédente ? est ce d'avoir respiré du nuage ?
Antoine s'endort immédiatement. 01H30 Aigneville, nous retrouvons ma voiture laissée ouverte
avec tout le matos par EL RECUPERATOR, dans son empressement de servir
. Bons vols et gare aux trous de bleu.
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