Récit du 12 mai 2005, Annecy

B comme bi-place, B comme béatitude...

En ce dimanche ensoleillé, après une arrivée matinale sur Annecy (TGV dernier modèle, avec ailes rigides, compartimenté par des rangées bi-place, vitesse au sol : 300 km), me voilà sur les hauteurs d'Annecy, avec cette "meute" de deltistes qui s'affairent à refaire les derniers réglages de leur aile. On se taquine une dernière fois, on avale une dernière bouchée de son encas de fortune, on se bouscule un peu au décollage... Il faut être le premier à partir pour profiter des conditions idylliques qu'offre cette journée de compétition. Vous m'en direz tant : assise sur mon caillou de fortune, je regarde fébrile, décoller mon héros, soulevé par son aile bi-colore jaune et bleue. La suite, vous la connaissez, puisque vous étiez tous là-haut à profiter des thermiques ascensionnelles. Fin de journée, je redescends chercher mon héros, parmi les autres que vous êtes : car il faut bien le dire, vous ne manquez pas de courage lorsque vous flirtez avec les nuages et que vous allez provoquer la crête des montagnes. Fatigué, rincé par son vol, il suggère néammoins un dernier vol de fin de journée en bi-place. Hésitante, mais excitée à l'idée de déambuler dans les airs, nous retournons sur les lieux où tout a commencé pour moi. Je vous passe les détails de la préparation : une montée de fièvre imaginaire, la respiration qui s'accélère, les mains qui se mettent à jouer du panio toutes seules... bref je me sentais très très calme et posée. 1-2-3 on court mais on court sur quoi ou dans quoi : dans le vide ! Mais je cours, je cours comme mes jambes n'ont jamais courues. Je ne vous dirais pas ce qui s'est passé à ce moment là mais jamais je n'oublierai ce vol. Des images plein la tête, des couleurs plein les yeux : une lumière incroyable éclairait le lac d'Annecy et les hauteurs verdoyantes qui l'entourent. Pourquoi je vous raconte tout ça ? Même si il ne s'agit pas d'un récit de vol comme vous l'entendez, il s'agit juste d'une aventure, comme bien d'autres, où une femme s'est laissée bercer par les airs et a très envi de recommencer. Je voulais vous le faire partager...

Caroline Revel