Récit du 18 mai 2005, Aigneville


Les Dalton font du deltaplane...


Il faut bien qu'on se le dise : mercredi, était une journée "alerte météo".
Et me voilà embarquée dans une folle aventure, digne d'une bande dessinée.
D'une heure matinale, nous embarquons à bord de la "diligence" appartenant à l'un des Dalton. A son bord, Frédéric "Business" (l'homme qui répond au téléphone plus vite que son ombre), Denis "Remorqueman" et Michel "Maltôtier" (appelé encore le Comptable). Il ne manquait que le quatrième, Eric "Sniper" (le deltiste isolé) qui avait décidé de passer par des chemins de traverse pour nous rejoindre. Notre campement se ferait à "Aigneville City". L'Eldorado des soi-disants records de distance, enfin c'est ce qui se disait à bord de la diligence. L'exploit de la journée serait d'aller jusqu'à Nantes City. La gazette n'en fesait pas référence, mais naïve, je voulais bien croire aux futurs exploits de ces bandits de grands chemins.
Une halte rapide à l'épicerie de Madame Olsson, et nous voilà arrivés à la base de décollage : Petite Maison dans la prairie, où attend bien sagement cette drôle de "machine à remonter le vent", qu'ils appellent tous un M.L.U. : Machine à Larguer des Uranies (une uranie est un papillon de jour). Les "Daltonistes" préparaient leur aile, pendant que je me positionnais sud-est pour que ma peau de jeune squaw trouve le soleil.
1er remorquage effectué par Michel : c'est Denis qu'on envoit le premier provoquer les thermiques. Il prend de l'altitude, c'est bon signe. Enfin, c'est ce que disent les 3 compères, restés encore sur la terre ferme. Eric prend le tour suivant : son ascension parait bien commencer, mais quelques minutes plus tard, le voilà en rase-mottes sur les blés verts d'Hervé "Ingall's". Rien de grave, rien ne presse : il faut recommencer. N'oublions pas qu'il s'agit d'une journée "alerte météo", mais je crois vous l'avoir déjà dit plus haut. 2eme esssai pour Eric, mais la corde de remorquage lache prise. Qui aurait pu prévoir tout ça ? Il faut refaire un noeud et cela devient un vrai sac de noeuds. Bon, il faut digérer la pillule d'un décollage raté, pillule que j'aurai du prendre pour éviter ce mal de tête, à vouloir jouer au bras de fer avec le soleil. Mais ça, je vous en parlerai un peu plus tard. N'oublions pas Denis, qui est toujours là haut, à jouer l'aigle royal, à tourner au desssus de nos têtes.
"Allo, allo... Ah Frédéric, je te croyais encore au téléphone". Et voilà que Frédéric, tout rechargé comme sa batterie de téléphone, décide de prendre le tour suivant. Le voilà qui flotte lui aussi, dans les cumulus qui s'alignent au dessus de nos têtes. Eric reprend un ticket, pour cette fois-ci effectué un décollage sur une brouette géante, appelé plus communément un chariot. Et le voilà prendre le large avec ces copains. Mais Denis, toujours là haut, à force de tourner au dessus de sa proie, a pris un coup de froid, en ratant courant d'air chaud. L'aigle qu'il était, décide de "mettre bas" et de poser sur la piste. Petite précision : Denis jouait à Tournez Manège depuis 2 heures au dessus de nos têtes !!!
C'est au tour de Michel, de faire de cette journée, une journée comme on les aime. C'est Denis qui remorque. Michel, au volant de la brouette géante, décolle dans la lignée de ses copains. Entre temps, j'avais pris plaisir à photographier la biroute qui faisait des noeuds sur elle même. On aurait dit un garrot bien serré autour d'un manche à balai. Le vent serait-il tombé ? Ce n'est pas en moi d'en juger, à faire le lézard au soleil. Michel ne trouve pas le thermique qui aurait pu l'entrainer au fin fond du Perche et décide de se poser, comme une fleur asséchée, sur la piste de tous les miracles.
De ma radio télescopique, j'entends les autres s'éloigner de la base. Frédéric s'éloigne au grés du vent, pendant qu'Eric cherche à faire fonctionner son GPS qui gèle depuis une demie heure. Bref, les aventures de ces Daltonistes n'ont fait qu'alimenter les conversations et surtout ce récit que je vous conte. Mais ma tâche, la plus importante, fut d'aller chercher ces 2 compères. Et me voilà en route, Caroline "Récupérator", à bord de la diligence, traversant des villes fantômes, pour trouver dans un champ de radis, à 30 km de la base, Frédéric assoifé par son vol et un peu plus loin, entre un Intermarché et un Elephant Bleu, Eric repliant son aile (drôle d'endroit pour atterrir). Les discutions vont bon train dans la diligence, mais concentrée sur ma route, je ne vous ferais pas récit des commentaires héroiques de ces 2 là.
De retour, à la base, j'avais bien mérité, moi aussi, mon moment de gloire. Et me voilà embarquée, sur l'M.L.U. d'Hervé "Ingall's" pour prendre un peu l'air du large. Ce fut le moment le plus jouissif de la journée : moi, là haut, à regarder mes 4 Dalton posés sur la terre ferme.
Pour fêter, cette journée, qui je vous rappelle, était une journée d'alerte météo, ou d'alerte au fiasco, nous décidâmes de nous restaurer dans le premier saloon de Chartres. L'appétit vient en mangeant : c'est ce que j'ai pu constater, vu les quantités qui débordaient de leurs assiettes. Assommée par le soleil, je suis allée m'éteindre doucement dans la diligence. Le soleil m'avait fait tourner en biroute mais certainement pas en bourique.
Ne voyez pas de moquerie dans ce récit, mais seulement un moment partagé avec 4 compères qui, malgré leurs déboires, ont su me montrer à quel point, ils aimaient voler.
Chapeau bas, messieurs !!!

Caroline Revel