Récit du 11 juin
2005, JOB
Récit d'une journée : JOBilatoire...
Avant même d'arriver, je savais que le week-end serait riche en
émotions et en surprises.
Commençons par ce qui a alimenté les conversations de
nos deltistes chevronnés.
Vendredi après-midi, aux heures de pointes, j'étais encore
pendue à mon téléphone, à trouver une bonne
âme pour me descendre à Job.
Je fis l'impasse sur le co-voiturage, pour décider d'emprunter
ce train qui m'emmènerait à destination. Soi-disant en
passant, je devais arriver à Clermont Ferrand pour 00h21.
Après une bonne organisation, digne d'une bonne récup,
me voici dans un train, à une heure avancée, direction
Vichy, pour une arrivée triomphante vers 21h44. Ma récup
était là : frais comme du beaujolais nouveau, et ravi
de me voir arrivée plus tôt que prévu.
Je vous passe les détails logistiques de la soirée, de
cet hôtel "gazeux" de la banlieue agricole de Vichy,
qu'on n'espérait pas trouvé et qui nous faire dire : "on
dort tout de même mieux chez soi".
10h00 tapante, dans la salle communale de Job : briefing auvergnat sur
le déroulé de la journée.
Et quelques tours d'embrassades, afin de saluer tout le monde. A chaque
risette que l'on me fait, on ne rate pas une occasion pour me dire :
"ah, tiens te voilà ! enfin arrivée" ou bien
encore : "ah mais c'est La Caroline". Sans plonger dans un
délire paranoïaque, j'ai eu l'impression en quelques secondes,
que j'étais attendue. Mais loin de moi cette pensée, attardons
nous plutôt sur le sort de nos deltistes.
12h00 tapante, toujours dans la salle communale de Job, voir sur le
parking extérieur : les embrassades n'en finissent pas.
"Oh, tu es là toi ce week end", "Comment vas tu
depuis la dernière fois ?", "Tu as changé de
voiture ?", "Tu as toujours ta LiteSpeed ?", etc....
à défaut d'être les premiers au décollage,
ils sont bien les premiers à "tricoter la biroute"
(expression Joboise qui signifie : taper la causette ou une bavette).
On monte au décollage, où les ailes commencent à
se déployer et à s'aligner, tel une armée d'oies
sauvages qui s'apprêtent à partir en migration.
A première vue, le décollage ressemble plus à une
boîte à sardines géante, où il faut se faire
une place, sans gêner les autres compétiteurs.
La bande de joyeux lurons que j'accompagne, se mettent aussi en place
et s'affairent au dernier préparatif : le pique nique !!!
Je vous saute les détails, sans sauter pour autant mon repas.
Pour clore l'épisode gastronomique : la poire n'est certes pas
un fruit de saison, mais le fruit de toutes les conversations : "Mais
qui a acheté ces poires ?" (ça se passe de commentaires).
La vue est imprenable : une série d'ailes, plus belles les unes
que les autres, les unes derrière les autres, prêtes à
s'envoler au dessus de cette vallée verdoyante.
Et c'est parti : le lâché de papillons a commencé.
A tour de rôle, chacun prend son envol dans ces thermiques belliqueux,
sous les yeux admiratifs de tout ces badauds venus voir les exploits
de ces héros. Positionnée sous la biroute, j'immortalise
chacun de leurs décollages : objectif déployé et
harnais fixé autour de mon cou (sécurité oblige).
Les "lépidoptères" se placent petit à
petit au dessus de nos têtes avant le premier départ. Une
grappe se forme, s'apparentant de là où je me trouve,
à un nuage d'insectes multicolores, prêts à bondir
sur la ligne imaginaire du départ. Ils partent, s'éloignent
et disparaissent au loin, pour atteindre avec ténacité
la première balise.
La radio dont je dispose, reste ma seule connexion fonctionnelle avec
ces aventuriers du ciel.
Silencieuse mais attentive aux commentaires de chacun, je réalise
bientôt que l'heure de la récup a sonné. Il fallait
bien mettre à profit mes talents de récupération.
Enfin, c'est bien ce que l'on a voulu me faire croire. Néanmoins,
je prends le rôle à coeur et accepte d'accomplir encore
une fois ces trajets touristiques, et battre la campagne, pour retrouver
mes espiègles fanfarons.
A bord de mon bus scolaire, qui se conduit aussi bien qu'un sous-marin
russe, j'effectue sciemment mon ramassage.
Heureuse de retrouver tout ce petit monde, les pieds sur terre. Mon
paladin, lui, a trouvé bon d'atterrir un peu différemment.
La poche d'eau qui pend sous son coude, tel un bourrelet ventripotent,
laisse croire que son posé fut acrobatique.
La journée était loin d'être finie. A regarder la
couleur du ciel et ses mouvements nuageux, on espère effectuer
un biplace. Non mécontente de cette décision, je palpite
et salive à l'idée d'aller narguer à mon tour les
cumulus.
Mais quelle ne fut pas notre déception et surtout la mienne,
arrivés au décollage, de voir une inversion du vent. "Vent
de Cul" qu'ils disent !
Du coup, pour noyer ma peine, nous décidâmes de noyer nos
babines dans un verre de bière.
Rien de tel, pour faire mousser nos pensées et en conclure enfin,
qu'il s'agissait vraiment d'une belle journée.
Caroline Revel |