Premier vol avec le Phantom

 

Petit récit du vendredi 25 avril. Fred Bergey et moi-même en sortie à Sully sur Loire. Vent très faible secteur sud ouest au sol. De jolis cumulus dans le ciel. Sur place nous rencontrons Marc Guitard avec son Stratos. William, le remorqueur, doit partir vers 15h15, aussi il ne faut pas traîner. Malheureusement, les bouffes de face ne sont pas fréquentes. Marc décolle en premier, suivi de Fred, tandis que je termine de monter mon aile minutieusement. Premier vol avec le Phantom, aussi j’appréhende un peu de décoller à pied, mais je n’ai pas le choix si je veux en profiter.

La bouffe de face se présente enfin alors que l’heure de départ de William sonne dans 5 mn. Mais Marc en profite pour se poser entre l’ulm et mon aile. J’ai cru qu’on n’allait pas y arriver, et que j’allais devoir replier. Marc comprend qu’il serait bon de dégager le terrain. Par bonheur, la bouffe de face se maintient. Signe de tête immédiat, et décollage dans la foulée. Ayant réglé les volets à la moitié à cause du vent faible, je me retrouve en l’air au bout de trois pas. C’est royal comme ça vole bien. Après le largage, la phase de découverte du pilotage en spirale m’a laissé quelques surprises, car le Phantom est une aile plus fine à piloter que l’Exxtacy, et réagit un peu comme un pur sang (d’ailleurs, le manuel de vol recommande une expérience de 60 heures au minimum avant de voler avec). Fred, qui était au même niveau que moi, en profite pour me gratter allègrement de quelques centaines de mètres, et disparaît vers le nord.

Une fois que le pilote s’est adapté à la machine, la fête peut commencer. Plafond à 1450 m. Je décide de remonter au vent, c’est-à-dire vers le nord ouest d’après le déplacement des nuages, histoire de voir ce que l’aile a dans le ventre. J’atteins Châteauneuf en deux transitions et environ 700 m plus bas. Cool. Avec la possibilité d’abaisser le calage des ailerons pour diminuer la traînée à vitesse élevée, une transition entre 90 et 100 km/h génère un taux de chute de l’ordre de 1,5 m/s... Ah, ça trace ! Taux de chute mini observé à 0,7 - 0,8 m/s, ce qui ne gâte rien. De retour au-dessus du terrain, j’aperçois l’aile de Fred rangée à côté de celle de Marc. Il auront volé chacun environ 1h15. Pour son vol de reprise et avec une petite fatigue qui semble lui peser, Fred a fini par opter pour une certaine nonchalance en se laissant porter gentiment... jusqu’au sol. Collé sous les nuages, je dévore des yeux tout ce beau paysage qui m’est à nouveau offert. N’ayant encore jamais atterri avec ma nouvelle aile, je me dis qu’il est plus prudent de rester en local du terrain, afin de me garantir un premier atterro dans les meilleures conditions. J’en profite quand même pour tirer la bourre avec trois planeurs spiralant à un même niveau, en me plaçant carrément au centre de la pompe et en serrant ma spirale, ce qui a pour effet de faire fuir mes confrères. Et puis une buse vue d’en haut me balise une nouvelle ascendance, qu’il est beau cet oiseau avec ses ailes déployées. Au bout d’un moment, les sangles de mon harnais, qui lui aussi est nouveau, car François avait osé caricaturer le précédent en sac-à-patates, dans lequel je me mangeais de surcroît la barre de contrôle du Phantom, ont fini par rendre mes clavicules passablement douloureuses, car elles n’étaient pas encore garnies de mousses de confort qui s’avèrent ô combien indispensables. Donc je décide qu’il est temps atterrir. Il a fallu tirer les volets à fonds et me mettre debout dans le harnais pour observer enfin une descente significative. Je reste très vigilant lors de l’approche, car, paraît-il, l’aile arrive vite près du sol et une distance de 250 m serait nécessaire pour se poser. Finalement, en appliquant à la lettre le manuel de vol - volets entre 1/2 et ¾ et surtout laisser l’aile voler - l’atterrissage se déroule normalement sans aucune bavure. Entre le point d’aboutissement et le point de contact avec la planète, je mesurerai seulement 43 mètres, ça va ! Ce premier vol, qui a duré 2h20, m’a complètement enchanté. La journée se termine par une causerie sympathique avec les pèlerins qui sortent leur ulm pour une promenade du soir, et avec Marc qui voulait tout savoir sur le Phantom, l’atmosphère baignant dans un beau et chaud couché de soleil.
Aux anges !

Fred

Psst : quelques photos de la journée sur le site (cliquer pour agrandir, téléchargement sans réduction taille)